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Comment l’Afrique de l’Ouest peut-elle atteindre l’autosuffisance en riz? Une nouvelle publication révèle le potentiel énorme du Système de riziculture intensive (SRI) pour y parvenir
Publié le : 18/04/2018
Le Système de riziculture intensive (SRI) a un énorme potentiel pour combler le déficit de production rizicole noté en Afrique de l’Ouest et placer la région sur la voie désirée de l’autosuffisance en riz, selon un nouveau livre publié mercredi 18 avril 2018 à Dakar, Sénégal en anglais et dont la version française est en cours de traduction.
Intitulé, 50 000 agriculteurs dans 13 pays: résultats de la mise à l’échelle du système de riziculture intensive en Afrique de l’Ouest, est une publication du CORAF, la plus grande organisation sous régionale de recherche agricole en Afrique. Le livre de 120 pages documente les résultats de l’utilisation de l’approche SRI dans les champs des riziculteurs dans 13 pays d’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016 à savoir : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.
Quel a été l’impact du projet ?
Dans l’ensemble, le projet a bénéficié directement à plus de 50 000 agricultures et a touché indirectement plus de 750 000 personnes- dont 31,6% de femmes. Les rendements des agriculteurs ont globalement augmenté de 56 % pour le riz irrigué passant de 4,23 t/ha, à 6,6 t/ha, en moyenne sur 292 sites de production étudiés. Quant au riz pluvial de plaine, les rendements ont progressé de 86 % allant de 2,53 t/ha, à 4,71 t/ha (moyenne de 441 sites analysés), en repiquant simplement le riz conformément à la méthode SRI.
Le projet a formé par ailleurs 33 514 personnes (dont 1032 étaient des techniciens) et plus que quadruplé le nombre d’institutions travaillant avec le SRI qui est passé de 49 à 215, au cours de la période du projet.
Une évaluation indépendante de l’impact socio-économique du projet montre que la pratique du SRI a produit des résultats bien supérieurs aux pratiques de production rizicole conventionnelles, avec des rendements accrus de l’ordre de 54 % dans les systèmes de production irriguée, de 65 % dans les bas-fonds pluviales et de 153 % pour la production de riz de plateau. De même, le revenu moyen des agriculteurs utilisant le SRI était de 41 % supérieur à celui de ceux pratiquant les méthodes conventionnelles de production rizicole.
L’étude a conclu que le projet « a prouvé que le SRI peut contribuer avec succès à l’amélioration de la productivité agricole en Afrique de l’Ouest ». « Ce sont des résultats impressionnants qui font de ce projet, l’un des plus réussi du portefeuille du CORAF » a déclaré le Dr Abdou Tenkouano, Directeur Exécutif du CORAF. « Ce projet SRI a été révolutionnaire dans sa conception participative et sa mise en œuvre. C’est le plus grand projet SRI au monde de par sa zone de couverture » a-t-il poursuivi.
Le projet « Amélioration et mise à l’échelle du système de riziculture intensive en Afrique de l’Ouest (SRI-PPAAO) fait partie du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), financé par les pays participants dans le cadre d’un programme régional de subventions compétitives géré par le CORAF. La coordination du projet régional est assurée par le Centre national de spécialisation (CNS) de riz basé au Mali, en collaboration avec l’Université Cornell, (Etats-Unis).
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Qu’est-ce que le SRI ?
Le SRI (système de riziculture intensive) est une méthode agro-écologique, intelligemment adaptée au climat et utilise très peu d’intrants développée à Madagascar dans les années 1980 et pratiquée aujourd’hui avec succès, dans plus de 50 pays, à travers le monde.
En repiquant de jeunes plants de riz isolés avec un grand écart entre les plants, en gardant les sols humides, mais non inondés, en améliorant les sols avec du compost et d’autres ressources organiques, les plantes deviennent plus fortes et plus productives. Cela se traduit par des rendements accrus, souvent de plus de 50 % tout en utilisant près de 90 % de moins, les semences utilisées sur une superficie. Le SRI utilise également 30 à 50 % moins d’eau d’irrigation et moins de produits chimiques que les autres pratiques de culture conventionnelles de production de riz. L’utilisation de ce système peut être adaptée aux conditions locales et à diverses spécificités de riz. En Afrique de l’Ouest, l’adaptation aux systèmes de riz de plaine a été très fructueuse.
Quelle est la place du riz en Afrique de l’Ouest
Le riz est l’un des principaux aliments de base pour la plupart des 430 millions de personnes vivant en Afrique de l’Ouest et du Centre. Sa production et sa transformation durables sont cruciales pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la région. Le maïs, le sorgho, le mil et le blé sont d’autres aliments de base.
Alors que la production globale de riz dans les 13 pays a augmenté de 24 % entre 2010 et 2016/2017 pour atteindre 9,9 millions de tonnes de riz usiné, la consommation de riz a augmenté pour sa part de 35 %, plus rapidement que prévu. Le taux de couverture en riz en 2016/2017 a atteint 54 %. L’objectif fixé par l’Offensive Riz de la CEDEAO est d’atteindre l’autosuffisance en riz d’ici à 2025, en produisant les 24 millions de tonnes de riz usiné qui devraient couvrir les besoins de la région.
Mise à l’échelle pour plus d’impact
Pour que le SRI contribue réellement à l’autosuffisance en riz en Afrique de l’Ouest, beaucoup d’autres paysans doivent l’adopter » affirment les auteurs du livre, Dr Erika Styger, responsable technique de la coordination régionale du projet et directrice associée pour le climat- Resilent Farming Systmes à l’Université Cornell ( Etats-Unis) et Dr Gaoussou Traoré, Coordinateur régional du projet et Coordinateur du CNS-Riz du Mali.
« Combien d’agriculteurs doivent être touchés avant d’atteindre le point de basculement où le SRI devient la norme pour la riziculture en Afrique de l’Ouest ? Selon les auteurs, un taux d’adoption de 33 % par les riziculteurs de la région soit 1,5 million de riziculteurs et 2,43 millions d’ha » pourrait permettre d’atteindre cet objectif.
L’autosuffisance en riz serait une réalité en Afrique de l’Ouest si tous les agriculteurs adoptaient cette pratique.
Comme calculé par les auteurs, « si 100 % des riziculteurs d’Afrique de l’Ouest avaient utilisé le SRI en 2017, l’autosuffisance en riz aurait déjà été atteinte avec un excédent de 5 %. La substitution des importations de riz par du riz local cultivé dans la région aurait permis d’économiser 4,16 milliards de dollars en devises pour la seule année 2017.
Quelles sont les recommandations?
Sur la base des besoins exprimés dans les 13 pays, les auteurs recommandent d’appliquer une vision à moyen terme et de soutenir la poursuite de la mise à l’échelle de la pratique du SRI:
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