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Davantage d’agripreneurs millionnaires émergent en Afrique de l’Ouest
Publié le : 17/06/2020
La fortune des deux frères guinéens a changé de manière substantielle ces trois dernières années, grâce en partie aux innovations du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO-Guinée).
Grâce à des technologies innovantes telles que la chèvre rousse de Maradi et une technique de pisciculture intégrée, Ismael Fataye Yannick et Yacouba Fataye enregistrent aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de près de 75 millions de francs guinéens (7 800 USD) par an.
Dans le contexte guinéen où la majorité de la population survit avec moins de 2 dollars par jour, cela devient un revenu considérable.
Quels bénéfices ont-ils tiré du PPAAO ?
Cela n’a pas été sans difficulté lorsque les deux frères décident de se lancer dans l’agriculture en 2013. Vivant à Kindia, une grande ville, située à environ 125 kilomètres au nord-est de la capitale guinéenne, Conakry, tous deux avaient accès à un petit terrain familial. Mais ils avaient peu de connaissances des technologies éprouvées et des chaînes de valeur rentables.
Tout a changé lorsqu’ils sont entrés en contact avec le PPAAO en Guinée. Dans le cadre d’un échange régional de technologies, le PPAAO Guinée a importé du Niger la technologie de la chèvre rousse de Maradi et du Nigeria l’approche intégrée de la pisciculture.
Les pays d’Afrique de l’Ouest se sont engagés dans un programme régional visant à générer et à échanger des technologies éprouvées pour accroître la productivité et la compétitivité de l’agriculture dans le cadre du PPAAO.
Ismaël et Yacouba ont été tous les deux, les premiers à adopter ces technologies en Guinée.
“Nous sommes ravis de la chèvre rousse de Maradi. Ils ont bien réussi ici en Guinée”, a déclaré Ismael. Les chercheurs en élevage du Niger ont amélioré la race de la chèvre rouge de Maradi. Le PPAAO Guinée a importé cette race de chèvre dans le but d’augmenter la productivité du secteur de l’élevage dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Ismael et Yacouba sont spécialisés dans les activités agropastorales. Leurs activités s’étendent dans la production des petits ruminants, la production des œufs, l’élevage de lapins. Ils pratiquent également de la pisciculture et la culture maraîchère. Grâce au soutien du PPAAO, leur production d’œufs a triplé.
“Avant, nous avions une production de 100 à 150 œufs par mois, mais grâce au soutien du PPAAO, nous avons des incubateurs de 400 œufs, qui produisent 400 poussins chaque mois. Aujourd’hui, notre production a triplé”, dit Yacouba Fataye.
En ce qui concerne la pisciculture, de trois étangs au départ, ils sont maintenant à 12, ce qui en fait l’un des plus grands producteurs de la région de Kindia. La croissance de l’entreprise s’est également accompagnée d’une expansion de sa clientèle.
L’augmentation de la production aurait pu représenter un défi pour les nouveaux entrepreneurs. Mais, ils ont également bénéficié d’une chambre froide de la part du programme pour la conservation de leurs produits.
Une inspiration pour les jeunes de Kindia
Comme partout ailleurs en Afrique de l’Ouest, les jeunes constituent la majorité de la population. En raison du nombre limité d’activités génératrices de revenus dans les zones rurales, la plupart d’entre eux migrent vers les grandes villes ou prennent des paris risqués à travers le désert du Sahara vers des destinations inconnues en Europe et aux États-Unis.
Le succès d’Ismael et de Yacouba est devenu une source d’inspiration pour les jeunes de la région. Sidiki Kandé, 36 ans, est l’un des jeunes gens formés par les frères Fataye.
“Je tiens à remercier les frères Fataye pour tout ce qu’ils m’ont enseigné. Ils m’ont appris à gérer une pisciculture, à m’occuper des petits ruminants et à entretenir une ferme. Je suis aujourd’hui comblé en tant qu’entrepreneur agricole”, déclare Kandé.
En outre, le succès des frères Fataye a également attiré d’autres partenaires, notamment des établissements d’enseignement.
Les frères Fataye s’associent désormais au Département d’agro-alimentaire de l’Université catholique de Guinée. Cette collaboration permet aux étudiants de l’université d’effectuer des stages académiques dans les fermes.
Plus de paris risqués
Pour les frères Fataye, l’agriculture a un énorme potentiel et elle offre de grandes opportunités aux chômeurs.
“Tout le monde peut faire de l’agriculture car on a tous un lopin de terre inoccupé dans notre village. A partir de zéro franc on peut monter un projet agricole “, ont-ils déclaré.
Ils ont appelé les jeunes à éviter de risquer de grosses sommes d’argent pour entreprendre des voyages risqués à travers le désert du Sahara et l’océan Méditerranée pour atteindre l’Europe. Ils devraient plutôt investir cet argent dans l’agriculture, disent-ils.
Le gouvernement de la Guinée a investi, au cours de la période 2011-2016, un total de 32 millions de dollars US pour accroître les chaînes de valeur du riz, du maïs, des petits ruminants et du poisson. Ils ont obtenu des fonds supplémentaires dans le cadre de ce qui est communément appelé le PPAAO 1C, pour construire des infrastructures de recherche et de développement, former de jeunes scientifiques et des agents de vulgarisation, développer et diffuser des technologies et des innovations.
Qu’est-ce que le PPAAO ?
Le PPAAO était un programme lancé par la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec le soutien financier de la Banque mondiale, pour rendre l’agriculture plus productive et durable et améliorer les conditions de vie des petits agriculteurs. La responsabilité de la coordination régionale du programme a été confiée au CORAF.
Le programme a pris fin le 31 décembre 2019 au Bénin, en Guinée, au Niger et au Togo.
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