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Ce n’est pas sans anicroche que Berdiss MEIDOUWA, jeune agricultrice mauritanienne de trente-deux ans, a démarré son projet de production et de commercialisation de riz en 2012.

Fille d’agriculteur, elle a lancé sa propre exploitation au sein de la coopérative familiale qui dispose d’un domaine situé sur les rives du fleuve Sénégal à vingt-et-un (21) kilomètres sur l’axe Rosso — Boghé.

Elle a démarré sur une superficie de vingt-cinq (25) hectares que la Banque mondiale l’a aidé à aménager en la dotant de deux motopompes, pour l’irrigation.

C’est avec ce soutien et une modeste aide financière reçue de la famille et des proches, que la jeune mauritanienne, diplômée en littérature arabe, s’est lancée dans le secteur agricole.

Briser les préjugés sexistes

Invitée à partager son expérience lors de la journée de réflexion sur la recherche agricole en Mauritanie, tenue à Nouakchott le 5 juillet 2022 à la première journée de la 32e Session ordinaire du Conseil d’administration du CORAF, Berdiss MEIDOUWA relate comment elle s’est lancée il y a dix (10) ans, dans ce secteur qui semblait être la chasse gardée de la gente masculine en Mauritanie.

« J’ai commencé mon projet sans formation dans le domaine agricole et avec beaucoup de difficultés, surtout parce que les femmes n’avaient pas l’habitude de faire ce genre d’activité en Mauritanie », relate l’agripreneuse.

« Il y avait aussi le manque de moyens. En plus du soutien de la Banque mondiale, j’ai demandé aux amis de mes parents de me passer de l’argent pour démarrer mes activités », ajoute-t-elle.

Entre-temps, le CORAF l’a aidée à être plus à l’aise en tant qu’agripreneuse aujourd’hui, en renforçant ses capacités et celles de plusieurs autres femmes, grâce à un atelier régional qu’il a récemment organisé à l’endroit des femmes en production et commercialisation de semences.

Après plusieurs années passées à jouer des coudes tout en travaillant avec acharnement, l’entreprise de Berdiss est aujourd’hui une référence en Mauritanie, dans le secteur de la culture et de la commercialisation du riz.

En 2018, son nom est devenu la marque du riz qu’elle produit sur son exploitation : le riz Berdiss.

Si la superficie de son champ s’est réduite à quinze (15) hectares —à cause de certains défis qu’elle a rencontrés chemin faisant—, cela n’empêche pas le riz Berdiss de se retrouver aujourd’hui sur tous les étals de Rosso à Nouadhibou, en passant par Boghé et bien évidemment, la capitale mauritanienne, Nouakchott.

« Le riz Berdiss s’écoule bien sur les marchés. Des fois, lorsque nous approvisionnons les distributeurs, nos produits n’attendent même pas avant d’être achetés par les consommateurs », témoigne la promotrice du riz Berdiss.

« Nous avons deux campagnes dans l’année et nous avons une production d’environ six (06) à sept (07) tonnes de riz par hectare », renseigne-t-elle.

Malgré que les charges absorbent une grande partie de ses revenus, confie-t-elle, les fruits de son entreprise lui permettent de bien vivre aujourd’hui.

« Je veux être un exemple pour la jeunesse mauritanienne »

Au-delà de la production et de la commercialisation du riz, la jeune agripreuneuse s’est surtout donnée pour mission d’impacter les jeunes de son pays. 

« Je veux être un exemple pour la jeunesse mauritanienne », a déclaré la jeune promotrice du riz Berdiss. 

« Je vois aujourd’hui beaucoup de filles et de jeunes mauritaniens qui veulent faire ce que je fais », se réjouit-elle.

Berdiss emploie aujourd’hui un personnel permanent de six (06) femmes, en plus du personnel qu’elle mobilise ponctuellement pour les activités saisonnières. 

Membre du Réseau régional des femmes cheffes d’entreprises semencières, mis en place par le CORAF en avril dernier, elle est également l’actuelle Vice-Présidente de la Fédération nationale d’agriculture de la Mauritanie.

Berdiss est un modèle qui porte aujourd’hui haut l’étendard de la Mauritanie à l’international, en remportant plusieurs prix et en participant à des salons internationaux, à l’instar du Salon international de l’agriculture en France.