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Le riz de contre-saison épargne les agriculteurs maliens du stress des variations climatiques

Publié le : 11/05/2018

A cinquante cinq ans, Boureima Sanogo est un cultivateur de riz depuis l’âge de quinze ans. Avec les méthodes de culture traditionnelles, le rendement le plus élevé qu’il puisse obtenir sur une superficie d’un hectare est de quatre tonnes.

Seulement voilà, depuis l’introduction d’une nouvelle méthode culture appelée système de riziculture intensive (SRI), un système amélioré de gestion de l’eau et couplée avec l’utilisation des variétés de semences tolérantes à la sécheresse, il peut non seulement cultiver deux fois par an, mais aussi doubler simplement son rendement sur la même superficie.

Sanogo produit maintenant environ 14 tonnes par an. Ce chef de famille polygame, père de 14 enfants, possède environ deux hectares de terres dans les rizières situées à San, à environ 450 km à l’Est de Bamako, la capitale malienne.

Avant l’adoption du SRI, son revenu maximum ne dépassait guère les 500 000 FCFA (1000 USD).

Mais quand vous ajoutez la production de contre saison, il fait maintenant près de 2,5 millions de FCFA, soit environ (5000 USD) la valeur commerciale de ses 14 tonnes. Une tonne de riz se vend aujourd’hui au Mali à 175 000 FCFA (350 UDS).

Dans un pays où la majorité de la population, surtout en milieu rural, vivent avec environ 2 dollars par jour, son gain constitue un revenu important, car bien supérieur au revenu moyen par habitant dans le pays.

Quand nous l’avons rencontré dans les plaines rizicoles de San, Sanogo avait l’air détendu et heureux avec sa production de contre-saison de cette année.

« La semaine prochaine, nous commencerons les récoltes. Cela marquera la fin de la contre-saison. Après cela, nous allons commencer à préparer les sols pour la production de la saison des pluies’’, explique Sanogo.

Boureima Sanogo a 14 enfants et deux femmes. En pratiquant l’ISR, il est sûr d’environ 14 tonnes de riz par an. Son revenu annuel est d’environ 2,5 millions de FCFA (5000 USD). Ceci est considérablement plus élevé que le revenu moyen des ménages au Mali. Photo / CORAF

Les experts situent la contre-saison entre Décembre et Mai, tandis que la saison régulière des pluies, commence généralement en Juin et se termine en Octobre. Le Mali enregistre souvent l’essentielle des précipitations au cours de cette dernière période.

Le SRI fonctionne mieux avec la riziculture irriguée

Voyager à travers de vastes étendues de terre au Mali peut-être particulièrement éprouvant en raison de la chaleur étouffante qui règne en pareille période.

Avec des précipitations imprévisibles, la sécheresse et des conditions météorologiques instables dues en partie au changement climatique, les experts affirment que la pratique de l’agriculture peut être extrêmement difficile.

La superficie totale du Mali est d’environ 1,25 million de kilomètres carrés, ce qui en fait l’un des plus grands pays d’Afrique. Mais la sécheresse et les pluies irrégulières compliquent le plus la culture agricole. Photo / CORAF

Avec des sols dégradés et des intrants agricoles inadaptés, la situation devient encore plus désespérante pour les petits producteurs en particulier.

Cependant, grâce à une méthode agro-écologique, plus intelligente et peu gourmande en eau, connue sous le nom de SRI, environ 400 hectares de rizières irriguées ont été emblavés entre décembre 2017 et mai 2018, à San, dans cette partie du Mali.

‘’Le changement climatique est une réalité. Mais ici à San, nos rizières sont arrosées par un système d’irrigation. C’est ce qui rend la riziculture hors saison possible’’ explique Sanogo.

Environ 5000 riziculteurs se sont constitués en association à San. Ils l’ont dénommée Association des producteurs de riz des plaines aménagées de l’Ouest San (APPASO). Grâce à leurs efforts collectifs, un système d’irrigation par canaux permet aux agriculteurs d’avoir de l’eau dans leurs périmètres, ce qui leur permet de cultiver du riz tout au long de l’année et à mieux gérer les périodes de sécheresses liées au changement climatique au Mali.

‘’Sans ce système, il est impossible de faire face à la sécheresse, et de pratiquer la riziculture en contre-saison’’ explique Ali Sanogo, Conseiller technique d’APPASO.

‘’Le SRI présente de nombreux avantages par rapport à nos méthodes de culture traditionnelles. Il nécessite moins de semences et les rendements sont plus élevés avec ce système qui utilise moins d’eau en contre saison’’ renseigne Asseye Togola, un autre utilisateur du SRI.

‘’Le SRI présente de nombreux avantages par rapport à nos méthodes de culture traditionnelles. Il nécessite moins de semences et les rendements sont plus élevés avec ce système qui utilise moins d’eau en contre saison’’ renseigne Assie Togola, un autre utilisateur du SRI.

Mise à l’échelle du SRI pour atteindre l’autosuffisance en riz au Mali

Les experts font savoir que si les pays d’Afrique de l’Ouest veulent atteindre l’autosuffisance en riz, beaucoup de producteurs devraient adopter cette méthode de culture.

‘’Combien d’agriculteurs doivent adopter cette technique avant de parvenir au point de basculement où le SRI devient la norme de riziculture la plus pratiquée en Afrique de l’Ouest ?

Un taux d’utilisation de 33 % des riziculteurs de la région, soit environ 1,5 millions de producteurs et environ 2,43 millions d’ha serait l’objectif indispensable à atteindre pour parvenir à l’autosuffisance en riz dans la région, à en croire le Dr Erika Styger de l’Université Cornell aux Etats Unis et le Dr Gaoussou Traoré, ancien coordonateur d CNS-Riz, auteurs d’un ouvrage récent sur l’utilisation du SRI en Afrique de l’Ouest.

‘’Si 100 % des riziculteurs d’Afrique de l’Ouest avaient utilisé le SRI en 2017, l’autosuffisance en riz aurait déjà été atteinte avec un excédent de 5%’’ soulignent les deux chercheurs qui ajoutent que ‘’la substitution des importations massives de riz par le riz local aurait permis d’économiser 4,16 milliards de dollars en devises, rien que pour l’année 2017’’.

Quelques recommandations pour l’expansion du SRI

  • Développer la coordination nationale et régionale
  • Laissez les agriculteurs et les organisations paysannes prendre la tête de cette dynamique
  • Affiner et assurer la qualité de la formation technique
  • Mettre l’accent sur l’adaptation et l’innovation
  • Renforcer et améliorer les systèmes de surveillance du SRI
  • Développez la plateforme de communication en faveur de l’utilisation du SRI

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