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Le CORAF est une organisation importante qui travaille à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l'Ouest. Les initiatives récentes du CORAF sont un signe prometteur de sa détermination à relever les défis auxquels l'Afrique de l'Ouest est confrontée.

Les pays africains doivent coopérer pour une action climatique efficace. Il est temps d’investir dans les organisations régionales du continent

Publié le : 03/11/2022

Les pays africains ne peuvent pas lutter seuls contre le changement climatique. Mais les organisations régionales africaines pourraient jouer un rôle galvanisant si elles disposaient de plus de ressources. 

Le prochain grand sommet sur le climat n’est plus qu’à quelques jours. La 27e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) se tiendra dans la station balnéaire de Sharm El-Sheikh, sur la mer Rouge, en Égypte, à partir du 6 novembre.

La COP27 a pour objectif de prendre des mesures sur un ensemble de questions essentielles pour faire face à l’urgence climatique. Son thème est “ensemble pour la mise en œuvre”. 

Cet accent mis sur la mise en œuvre est juste. Le temps des discussions sur ce qu’il faut faire est terminé. Le temps de l’action est venu. Nous pourrons alors nous réunir pour parler de ce que nous avons fait et réfléchir davantage aux prochaines étapes. 

La dévastatrice sécheresse dans la Corne de l’Afrique, les violentes tensions autour des ressources naturelles au Sahel et les inondations meurtrières en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale témoignent du fait qu’en Afrique, la crise climatique est déjà là, ici et maintenant. 

L’agriculture africaine —dont la quasi-totalité est pluviale— est particulièrement vulnérable au changement climatique, étant donné que les températures sur tout le continent devraient augmenter plus rapidement que partout ailleurs sur Terre. 

L’agriculture et les systèmes alimentaires seront au cœur de la COP27, avec une journée entière dans le programme consacrée à ces deux thèmes, intégrant des discussions sur l’utilisation des terres et l’adaptation. 

L’agriculture reste au cœur des moyens de subsistance de millions d’africains. Nous devons prendre des mesures urgentes et sérieuses en matière de changement climatique afin de préserver les communautés, les moyens de subsistance et les environnements précieux. 

Des décennies de progrès en matière de sécurité alimentaire, grâce aux partenariats, aux politiques, aux investissements et à l’innovation, ont été réduites à néant par le triple défi des conflits, de la pauvreté et du changement climatique. 

Mais les institutions africaines établissent des programmes d’action convaincants, tant sur le climat que sur l’alimentation. 

Elles revendiquent une plus grande appropriation et un plus grand rôle dans la définition des priorités pour les investissements et les projets qui offrent un avenir intelligent face au climat.  

Prenons, par exemple, la stratégie et le plan d’action de l’Union africaine sur le changement climatique et le développement résilient, récemment ratifiés.  

Cette stratégie peut potentiellement inspirer, guider et coordonner les investissements dans l’action climatique qui peuvent bénéficier à plus d’un milliard de personnes à travers l’Afrique. 

Soyons cependant réalistes. 

L’action climatique n’est efficace et ne peut se maintenir sur le long terme que si la demande d’action provient des communautés et des gouvernements qui donnent la priorité aux investissements dans un avenir intelligent face au climat. 

Mais de nombreux pays d’Afrique disposent de ressources limitées et doivent faire des choix et des compromis difficiles. L’action climatique doit-elle se faire au détriment de la santé ou de l’éducation ? 

C’est pourquoi les organisations régionales doivent jouer un rôle plus important dans la conduite de l’action sur le climat et la sécurité alimentaire en Afrique. 

Les pays africains doivent mettre en commun leurs ressources et agir à l’unisson pour en avoir “plus pour leur argent”. 

De plus, bon nombre des défis climatiques auxquels nous sommes confrontés en Afrique traversent les frontières. Les défis agricoles du Sahel liés au climat sont partagés entre les régions des États voisins, en particulier les maladies et les ravageurs envahissants dont les mouvements sont entraînés par des changements de régimes climatiques qui n’ont pas de frontière. 

De même, dans la Corne de l’Afrique, dans la région des Grands Lacs et en Afrique australe, de nombreux pays de ces régions sont confrontés à des défis climatiques communs.

Il existe tout un kaléidoscope de communautés économiques, politiques et sectorielles régionales qui peuvent définir une stratégie, partager des connaissances, coordonner des financements et encourager l’action.

Sous l’égide du Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA, lui-même une agence technique au service de la Commission de l’Union africaine), plusieurs organisations rassemblent des champions de l’agriculture —scientifiques africains, investisseurs du secteur privé et partenaires donateurs internationaux— pour faire avancer les nouvelles sciences, technologies et innovations agricoles.

Elles sont convaincues que l’agriculture africaine peut sortir les gens de la pauvreté et offrir un avenir plus résilient —seulement si les systèmes de recherche agricole relativement faibles et fragmentés du continent sont renforcés avec des objectifs et des outils communs.

Le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) est la plus grande de ces organisations, travaillant avec 23 systèmes nationaux de recherche agricole. 

Le CORAF fait appel à des partenaires essentiels tels que le programme Accélérer l’impact de la recherche climatique du GCRAI —Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale— en Afrique (AICCRA) pour mettre à l’échelle l’agriculture intelligente face au climat et les services d’information climatique afin d’atteindre des millions d’agriculteurs. 

Par exemple, le CORAF et AICCRA ont développé la capacité des organisations nationales à utiliser l’analyse prospective pour le changement climatique, en élaborant des plans de réponse aux épidémies de parasites et de maladies qui se propagent dans les régions. Ces épidémies font souvent perdre près de la moitié des récoltes africaines, entraînant une perte de milliards de dollars de revenus chaque année. 

Avec AICCRA et d’autres partenaires, le CORAF a contribué à la conception du Programme de résilience du système alimentaire de l’Afrique de l’Ouest de la Banque mondiale de 716 millions de dollars, qui vise à améliorer les écosystèmes régionaux de surveillance et d’innovation, tout en accélérant l’intégration des marchés en Afrique de l’Ouest, sous la direction de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  

Les organisations régionales ont la vision et l’expertise nécessaires pour contribuer à résoudre les crises du climat et de la sécurité alimentaire. Mais le plus souvent, elles manquent de ressources pour le faire efficacement. 

La COP27 pourrait s’engager à soutenir davantage ces organisations, car elles se sont révélées être des leviers essentiels pour accélérer la mise en œuvre de nos engagements climatiques collectifs. 

Cette question devrait figurer en tête de la liste des priorités des délégués africains qui se rendront à Sharm El-Sheikh dans quelques jours.


  • Dr Abdou TENKOUANO est le Directeur Exécutif du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF)
  • Dr Ana Maria LOBOGUERRERO est la Directrice du programme Accélérer l’impact de la recherche climatique du GCRAI en Afrique (AICCRA)

Tag : Actualités,Climate change,Highlights

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