Le CORAF est une organisation importante qui travaille à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l'Ouest. Les initiatives récentes du CORAF sont un signe prometteur de sa détermination à relever les défis auxquels l'Afrique de l'Ouest est confrontée.
Un centre ghanéen au service des innovations ouest-africaines en matière de racines et tubercules
Publié le : 31/07/2021
Pas besoin de remonter plus loin qu’en 2008, lorsque plusieurs instituts de recherche agricole dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest manquaient d’infrastructures essentielles, de personnel et d’autres ressources vitales pour concevoir des technologies de pointe.
Après près d’une décennie d’investissement stratégique par la plupart des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), grâce au plus grand investissement en R&E de la Banque mondiale dans la région à ce jour, nombre de ces centres sont enfin prêts à jouer un rôle de catalyseur, non seulement pour les besoins alimentaires de leurs circonscriptions nationales, mais aussi pour ceux des ouest-africains.
Au Ghana, à travers le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), le gouvernement a construit et équipé l’Institut de recherche sur les cultures (CRI) basé à Kumasi pour diriger la mise au point des technologies de racines et tubercules. En conséquence, aujourd’hui, le CRI possède son propre Centre de Biotechnologie doté d’infrastructures et d’équipements à la pointe de la technologie. Cela a libéré le potentiel du centre pour effectuer le travail de laboratoire nécessaire d’une manière qu’il n’aurait jamais pu faire il y a seulement quelques années.
“Le centre de biotechnologie du Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR) a pu établir des protocoles pour le nettoyage et la multiplication rapides de toutes les racines et tubercules sur lesquels nous travaillons », affirme Dr Ruth Prempeh, Responsable du Centre de Biotechnologie du CRI.
« Nous avons le meilleur des équipements. Grâce au PPAAO, nous avons pu avoir ces installations qui ne peut être trouvées nulle part ailleurs au Ghana ; et elles sont utiles pour toute la sous-région », délcare Dr Prempeh.
Le laboratoire de culture tissulaire s’occupe de la conservation du matériel génétique, de la multiplication rapide et de la diffusion en masse de plantes saines et exemptes de maladies.
« Nous travaillons en étroite collaboration avec les sélectionneurs de plantes pour améliorer les cultures », fait savoir Dr Prempeh.
Le centre dispose d’un large portefeuille de partenaires fermiers qui reprennent les variétés et les mettent à grande échelle à la disposition de la population, ou s’en servent directement.
Quatre laboratoires pour une recherche de pointe
Pour éviter les contaminations croisées et garantir des semences saines aux agriculteurs, diverses activités sont menées dans différents laboratoires de l’institut. L’institut compte quatre laboratoires qui se complètent pour mener à bout des recherches agricoles et mettre au point des variétés de cultures répondant aux exigences des populations. Il s’agit notamment du laboratoire de culture tissulaire, du laboratoire de biologie moléculaire, du laboratoire de biochimie et du laboratoire de virologie.
Au sein des laboratoires, les équipes de recherche font quotidiennement recours à des technologies de pointe telles que les tests de réaction de polymérisation en chaîne plus communément connus sous l’anglicisme PCR —Polymerase Chain Reaction— et l’extraction et l’analyse des acides désoxyribonucléiques (ADN). Au demeurant, le centre de biotechnologie du CSIR est aujourd’hui l’unique centre au Ghana qui dispose, grâce au financement du PPAAO, d’un analyseur d’ADN 3730, considéré comme étant la référence en matière d’analyse et de séquençage d’ADN.
En outre, le système RITA® (Récipient à immersion temporaire automatique) est une autre technologie que le centre utilise quotidiennement. Le PPAAO a également payé pour cela.
Le système RITA® est une technique utilisée pour la culture in vitro des plantes.
« À travers le PPAAO, nous avons reçu le système RITA®, permettant à l’institut d’améliorer la production de masse des racines et tubercules », déclare Dr Prempeh, précisant que le système a été testé avec succès pour l’igname, le manioc, la patate douce le plantain.
« Ce système augmente le taux de multiplication par rapport à la culture tissulaire conventionnelle car c’est un milieu liquide et les nutriments ont directement accès aux plantes pour les nourrir abondamment. »
Grâce à cette batterie d’outils technologiques, le CSIR mène des recherches qui facilitent l’amélioration des cultures, notamment au regard des défis actuels tels que le changement climatique, la résistance aux ravageurs et aux maladies, un haut rendement, etc.
Un autre grand bénéfice, selon Dr Prempeh, est surtout dans le gain de temps pour la recherche. « Alors que pour la sélection conventionnelle, il faudra environ 10 ans pour trouver une variété de culture, avec les outils moléculaires combinés à la sélection conventionnelle, le nombre d’années de sélection peut être réduit de 10 à 6 ans », affirme l’experte basée à Kumasi.
Avec ses équipements, le CSIR répond aujourd’hui aux normes et réglementations internationales, comme en témoigne sa certification ISO/IEC 17025:2005, obtenue en 2018.
« Grâce à l’accréditation ISO, nous avons pu rehausser l’image de l’institut », se réjouit Dr Ruth Prempeh.
Une orientation régionale
Le CSIR adopte aujourd’hui dans sa stratégie, une approche régionale, se voulant et se mettant au service des systèmes nationaux de recherche agricole des autres pays ouest-africains. Cette position sera encore mieux renforcée une fois que le centre de biotechnologie aura mis en usage, son analyseur d’ADN 3730 car il travaillera sur des échantillons en provenance de toute la sous-région.
Le CSIR abrite le Centre national de spécialisation (CNS) sur les racines et tubercules, qui a évolué pour devenir désormais un Centre régional d’excellence (CRE). Les CNS et CRE sont l’un des acquis majeurs du PPAAO. Il en existe en tout neuf —sept CNS et deux CRE— répartis dans neuf pays de l’Afrique de l’Ouest.
De plus, le CSIR accueille des étudiants en Masters et Doctorat d’autres pays qui s’y rendent pour faire leurs travaux de recherche.
Le PPAAO est une initiative de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle a été financée par la Banque mondiale. Sous la coordination technique du CORAF, l’initiative a démarré en 2008 et a pris fin en décembre 2019.
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